Série Traversée

Lorsque la pluie s’abat sur ces paysages imaginaires d’émotions réelles, ouverte j’absorbe tout. Je me recroqueville…Déploie une aile. Je cherche mes points d’ancrage. Chaque jour, je me laisse traverser par le Styx !

La pluie s’abat

Velours, thermocollant, fil de coton, plomb doré, médium, tiges filetées, écrous, 2022-2023

Ouverte, j’absorbe tout

Velours, thermocollant, fil de coton, plomb doré, tiges filetées, écrous, 2022-2023

Recroquevillée

Velours, thermocollant, fil de coton, plomb doré, tiges filetées, écrous, 2022-2023

Je cherche mes points d’ancrage

Velours, thermocollant, fil de coton, plomb doré, tiges filetées, écrous, 2022-2023

Je me laisse traverser

Velours, thermocollant, fil de coton, plomb doré, médium, tiges filetées, écrous, 2022-2023

Depuis la pandémie jusqu’à aujourd’hui, je chemine, navigue… Chaque jour, je traverse le Styx ! Océanide ou déesse, Styx personnifie le fleuve qui sépare le monde terrestre des enfers. Fille des ténèbres et de la nuit, elle évoque pour moi le flot des émotions qui me traversent, me bousculent. Avec elles, je cherche une place : un endroit épanouissant, vibrant !

« La place », disait Claire Marin est « un endroit rassurant où l’on se cogne pas dans l’obscurité. Un endroit qui protège notre sommeil et nos secrets ». Je cherchais cela je crois… Une place rassurante et vivante ! Une place rien qu’à moi !Quand on se questionne sur la place, une multitude d ‘expressions arrivent…

Se faire une place, Être à sa place, Remettre quelqu’un à sa place, Laisser la place, Prendre place, Mettre en place, Tenir sa place, Faire place nette

Toutes passent par des affects, des émotions… La place interroge la relation à soi, aux autres. Qu’elle soit concrète ou abstraite, la place est d’abord un espace géographique, puis symbolique voire métaphorique ! LaPlace est aussi un endroit où l’on (se) projette, où l’on chemine, où l’on voyage.

Au Chili, lorsque les cavaliers se déplacent en montagne pour garder les troupeaux, ils ne disent pas « Je monte » mais « Je vais à l’intérieur ». C’est là que je suis allée… en profondeur. La place vivante, vibrante est devenue mouvante, déstabilisante… J’ai trébuché. J’ai été bousculée. J’ai fait Place nette ! Couches après couches, strates après strates, j’ai traversé les territoires de mes émotions qui débordaient. J’ai tenté de Tenir ma place ! Je me suis assise en moi, j’ai cherché une nouvelle place… J’ai Laissé Place !

A travers la sphère de l’intime, j’aborde des problématiques liées au sens, où le textile donne corps à ce qui est parfois impossible à percevoir. Ces Paysages imaginaires sont un moyen de se réapproprier le récit de ses émotions, se ré-enraciner, trouver Sa Place. Elle est un lieu en soi… à soi ! En ajustement perpétuel, indéniablement sensible, toujours travaillée, souvent poétique, ma pratique artistique, Ma Place, me permettent d’habiter le monde de manière vive, comme Boris Cyrulnik « de créer un monde partageable » et de cristalliser l’écume de mes émotions.